Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -
A. Rimbaud
Voici un exemple d'une synesthésie (si vous ne connaissez pas ce mot allez jeter un oeil ici). Mélange gracieux des couleurs et des lettres, Rimbaud utilise le sonnet pour revisiter ces quelques lettres qui nous semblent si familières et qui paraissent ici si grandioses. Je ne saurais décrire ce que j'aime dans ce poème, il ne remue pas vraiment de sentiments que j'aurais pu éprouvé mais je le trouve beau à la manière d'une peinture grandiose, violente et sanglante. Epique et mystique, il a pour moi une forme de force lyrique à laquelle je ne peux résister.
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